A propos des installations :
Cécile Boerlen, professeur agrégée d’arts plastiques, artiste plasticienne et architecte DPLG :
« Maruen est une artiste, une architecte, une alchimiste.
Elle construit des œuvres qui sont des espaces, réceptacles de nos émotions.
L'échelle est humaine, l'expérience fonde l'œuvre. L'expérience des lieux tout d'abord, qui l'inspirent et l'accueillent : lieux d'exposition, lieux habités, lieux d'histoire, de nature ; il s'agit chaque fois d'incarner le genius loci.
L'artiste aime les espaces extérieurs : d'un coin de jardin à une futaie ou un étang, métaphores de la campagne tout entière, elle nous invite à la déambulation dans un monde loin des théories glacées.
Elle invente des œuvres qui sont autant de hamacs pour les rêves et elle nous engage, jamais tout à fait sérieuse, sur les voies de la surprise, de la poésie et du merveilleux. »
A propos des monotypes aidés (peintures en couleurs débutées en 2018 environ), Alexandra Fresse (autrice, écrivaine, coach et consultante en communication www.dire-et-écrire.com):
« Chaque œuvre est un poème visuel, tableau d’un paysage intérieur. Comme pour Miles Davis qui disait que « la véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu'encadrer ce silence », la place du blanc laissé sur la feuille est primordiale. Respecter ce blanc, le donner à voir grâce à la couleur qui l’entoure et s’étale en une ample graphie, c’est faire dialoguer à la manière des artistes taoïstes le vide et le plein…Le vide n’est pas le vide « sans rien » comme nous pouvons l’entendre en Occident : ce n’est pas une perte ou un manque, mais un appel, c’est l’élément yin d’une polarité qui crée le mouvement (entre le yin et le yang). Et dans ce mouvement, chaque œuvre est un passage. Passage vers une autre œuvre, et donc un autre paysage, un autre état d’esprit, une autre vision de la vie, du monde et du temps insaisissable.
Ces tableaux sont des gravures uniques, réalisées à partir d’une plaque de verre encrée, avec des couleurs variant à chaque fois, dont Maruen a exclu le noir.
Si elle dessine avant, c’est plus en préparation du geste et de l’état d’esprit que pour composer son œuvre. Le motif en effet dépend du geste, de son ampleur, de la pression du rouleau sur la feuille. La feuille imprimée est ensuite raclée, avant que l’encre ne sèche pour donner des effets de profondeur, visuelle, mais aussi de matière. »
Propos de Michel Leclercq, plasticien, sculpteur, agrégé d'arts plastiques:
Du bois, elle détaille les entrailles sans gommer la morsure de la tronçonneuse – travail à la fois violent et délicat, un cocktail de décisions et d’approximations parcourt ses sculptures et dessins. Dans ce combat apparaissent des formes élémentaires à la géométrie incertaine. Carrés triangles, cônes…structurent la violence du geste et élaborent un vocabulaire qui semble restreint au prime abord, mais qui au fil des œuvres acquiert une présence exceptionnelle.
Au sein de l’arbre, la tronçonneuse ouvre des vides, respirations, portes, fenêtres vers l’eau mariant le bleu du pigment à celui du ciel. Les pigments soulignent la transformation du bois, signalent l’arrivée au cœur du propos tout en adoucissant les marques de fabrication.
Ouvertures enserrées dans les troncs,
recherches de transparence et de pureté,
dans une matière lourde, bloquant le regard.
(...)
A propos des sculptures en taille directe visibles ici, Dr Christian Frommert, historien et journaliste ( traduction Maruen ):
« (…) Le titre "les pieds dans l’eau"renvoie à une expérience de l’artiste. Lorsqu’elle travaillait en Bretagne, son atelier se trouva un jour inondé après des jours de pluie ininterrompus. Les outils de travail comme les pièces de bois trempaient dans l’eau et elle fut obligée de travailler « les pieds dans l’eau ». Cette petite inondation a laissé des auréoles à la surface du bois. Mais plus encore que la nature, c’est la tronçonneuse qui garde ses empreintes à la surface du matériau. Maruen a choisi de travailler le chêne et le châtaigner parce que la dureté de ces bois permet d’en tirer les angles nécessaires aux formes télescopiques extirpées du cœur du tronc. (…)
Les volumes ainsi extraits du bois s’en distinguent plus encore par leur couleur. Leur surface est teintée avec un mélange de graphite en poudre et de cire polies. Ce mode de traitement accentue les traces de tronçonneuse, le veinage du bois et la forme elle-même du volume extrait. Ainsi naît la confrontation entre la forme géométrique conçue et la forme naturelle du bois (le fragment suspendu au mur représente – pars pro toto- l’arbre entier)(…) ».
Méditations à propos des monotypes aidés, Anne Prigent, enseignante en arts plastiques et dessinatrice :
Une invitation à promenade
une entrée dans les couleurs
Déposées en coulures, elles maculent le support
pour être ôtées aussitôt de la matière brillante
d’un geste vif, emporté ou méticuleux
Un arrêt et l’estampe unique jaillit
Monotype
empreinte des « chemains » de Maruen